RETOUR D’EXPÉRIENCE – Laisser le fauteuil

Il avait sollicité le coach (C) parce que c’en était trop. 2 mandats de 3 ans comme coordinateur bénévole (B) au sein de cette association l’avaient éreinté. Il portait le Bureau de l’association à bout de bras. Et le Bureau portait l’association à bout de bras.

 

B :  Ils sont tous gentils, mais pas un ne veut s’investir. Personne ne veut prendre la relève. Pire ! Tout le monde se plaint parce que le Bureau n’informe pas assez, le Bureau ne fédère pas assez, le Bureau n’organise plus autant d’activités qu’autrefois. Mais il n’en peut plus le Bureau ! On est tous bénévoles, avec un job à côté. Certains ont même jeté l’éponge. Alors on se retrouve à 5 au lieu de 8 pour tout porter. C’est trop lourd et quand on demande des bonnes volontés pour s’investir, tout le monde regarde ses chaussures. Il faut que cela change, sinon, on va tous y rester.

C :   Quitte à laisser le fauteuil pour cause de burnout ou de décès, pourquoi ne pas partir quand la santé est encore un peu là ?

B :   Même ça j’ai essayé. L’an passé, j’ai failli craquer. Mais personne n’a accepté ma démission. Qu’est-ce que vous croyez ? Chantage affectif. Puis l’été est arrivé. Vacances ! Ça m’a fait du bien… et je suis reparti, gonflé à bloc. Mais les plaintes sont revenues, sans aucune proposition en face.

C :   Hmmm… Je vois… Et donc ? Qu’attendez-vous de moi ?

B :   J’aimerais que vous animiez le séminaire de 2 jours que nous avons réussi à organiser avec tant de mal.

C :   Quel en est l’objectif ?

B :   Ben, enfin ! Expliquer la nouvelle organisation !!

C :   Quelle nouvelle organisation ?

B :   Ah, ça ! C’est ce qu’il faut déterminer. Vous pouvez nous aider, non ? Vous êtes coach !?

C :   Hmmm… Je vois… On peut se réunir avec le Bureau pour préparer ce séminaire ?

 

La réunion avec le Bureau fut épique. Les membres du Bureau pensaient que le coach allait pondre la nouvelle organisation, avec le mode d’emploi pour la faire approuver par les adhérents. Une nouvelle organisation qui ressemblerait à l’actuelle (« parce qu’on ne peut pas faire autrement ! ») mais avec un Bureau renouvelé (par des gens subitement devenus volontaires). C’est bien connu : les coachs ont des pouvoirs magiques.

 

Le séminaire eut lieu, mais le coach avait oublié sa baguette magique. Alors il a fait travailler les 90 adhérents présents sur la mission de l’association. Puis sur les besoins pour accomplir cette mission. Puis sur les moyens (notamment humains) à mettre en œuvre pour satisfaire ces besoins. Puis sur les ressources (notamment humaines) pour adresser ces moyens. Puis sur les engagements personnels de chacun pour mobiliser ces ressources. Tous les besoins n’ont pas été comblés, mais seulement certains. Au premier tour, ce n’était pas forcément les besoins les plus essentiels. Mais au deuxième tour, ça commençait à devenir intéressant. Au troisième tour, à défaut d’être parfait, c’était « pas mal du tout ».

 

La nouvelle organisation est née… sur le papier : un Bureau très délégatif. Des commissions pour les missions les plus essentielles. Des volontaires à géométrie variable : certains pouvant donner une soirée par semaine, d’autres juste un coup de main ponctuel, et toute la palette des possibles entre les deux.

 

6 mois plus tard…

 

C :   Allô ! Comment ça va ? Du nouveau sur votre organisation ?

B :   Ah ben oui ! On a pas mal bougé. Les commissions se rôdent. La plupart de ceux qui voulaient s’engager l’ont fait. Bon ! J’avoue qu’il y a quelques loupés. Par moment, j’ai envie de leur dire comment faire, ou même de faire à leur place. Mais je me souviens : « je laisse le fauteuil ». Pas facile pour moi, mais je vois qu’ils sont fiers de ce qu’ils réalisent… et il faut bien dire qu’ils ont raison de l’être. En tout cas, j’ai pu lâcher, et ça tourne. Ils ont même fait venir de nouveaux membres.

C :   Hmmm… Je vois…

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