RETOUR D’EXPÉRIENCE – Le goût de l’effort

Il venait de décrocher son bac, sans mention et sans conviction. Étonnamment, la joie de son succès était teintée d’appréhension. Il savait qu’il n’avait pas beaucoup travaillé pour obtenir le diplôme. De fait, il prenait conscience de la faiblesse de son niveau dans différentes matières clés, pour accéder aux études supérieures. Il craignait donc de ne pas pouvoir atteindre les notes minimales pour rester plus d’un semestre dans la filière qu’il avait choisie. Mais que faire ? Puisqu’il avait le bac, il était condamné à poursuivre ses études.

La perspective d’une vie professionnelle bien en-dessous de sa véritable valeur lui faisait peur. Pourrait-il l’éviter ? Il savait pertinemment qu’il avait des capacités qu’il n’avait jamais vraiment mobilisées. Mais avait-il seulement idée de savoir comment les mobiliser ? Les conseils prodigués par les parents et les profs, pour judicieux qu’ils fussent, n’avaient pas eu raison de sa procrastination, de son manque d’envie et de son absence de persévérance.

Il espérait beaucoup de la démarche de coaching qu’il entamait début juillet.

Les premières séances lui avaient permis de construire sa propre stratégie de remontée de niveau, et plus largement, d’organiser un environnement motivant pour l’ensemble de son projet d’étudiant.

Arrivé à mi-parcours du coaching, quelques semaines après la rentrée, le rythme des activités avait commencé à donner quelques « coups de canif » à cette stratégie. Rien de bien méchant, mais le démon « Procrastination » guettait et s’engouffrait dans la moindre faille.

Peu avant la séance suivante, l’étudiant (E) envoya un message au coach (C) :

E :   Bjr. Désolé de prévenir un peu tard, mais mardi, un contrôle a été ajouté et je ne serai pas dispo pour la séance de coaching.

C :   Bonjour. OK. Je vois que c’est indépendant de ta volonté. Quand veux-tu reporter ?

E :   Pour être franc, je n’ai pas beaucoup avancé sur mes actions depuis la dernière fois. En fait, je crois que là où j’en suis, j’ai toutes les clés en mains pour avancer grâce à nos séances, et c’est à moi de les utiliser. Il me semble qu’on peut arrêter le coaching maintenant.

Le coach se souvient que, quand un client veut atteindre un objectif difficile, parfois le pire ennemi, c’est lui-même. Juste en « fabriquant » – plus ou moins consciemment – les conditions pour ne pas atteindre cet objectif qu’il convoite pourtant sincèrement…

C :   C’est une bonne nouvelle que tu aies identifié que tu as « les clés en mains pour avancer ». Et tu es très lucide quand tu dis « c’est à moi de les utiliser » ; tu vois très bien ta part de responsabilité. Cela étant, après avoir élaboré la stratégie qui te convient, tu entames maintenant une partie qui peut être la plus difficile : mettre en œuvre la stratégie. La bonne nouvelle c’est que nous avions prévu 8 séances et que nous sommes à mi-chemin. Il nous reste donc du temps pour que tu passes concrètement à l’action. Et souviens-toi que je suis là pour t’aider à vaincre les résistances qui se dressent sur ton chemin. Tu as déjà tenté de les combattre seul. Tu as vu que c’était trop difficile. A deux, nous sommes plus forts. Je te propose de fixer la date de notre prochaine entrevue et d’en discuter. Dis-moi tes dispos.

E :   Je vois bien que je vais entamer la partie la plus difficile. OK pour en parler la semaine prochaine, jeudi de 14 à 15.

Lors de la séance du jeudi, le jeune a revu et ajusté les ambitions de sa stratégie à sa réalité. Le coach a fixé des points d’étapes fréquents, par échanges de sms à l’initiative du jeune, pour les rendre plus synchrones avec le rythme post bac intense, et éviter un délitement de l’accompagnement.

« L’essentiel, c’est d’avancer, de vaincre l’inertie du départ. Cette inertie est la plus coûteuse. Peu à peu, si l’on s’y tient, les efforts deviennent plus supportables. Puis ils finissent par être familiers, au point que l’on s’étonne qu’ils aient paru si lourds. »

 

Les points réguliers et fréquents, l’ajustement du dosage de l’effort, la célébration des victoires (et il n’y a pas de « petites »), ce partenariat étroit coach-client ont eu peu à peu raison de la procrastination. Pas d’un coup, mais peu à peu. Les résultats sont arrivés, en progression, donnant du sens à l’effort… puis le goût de l’effort, puis la saveur de l’objectif atteint.

 

 

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