RETOUR D’EXPÉRIENCE : « J’étais mort, à 57 ans »

(Les noms et les situations sont légèrement modifiés pour conserver l’anonymat)

 

A 57 ans, Jean-Pierre ne s’attendait pas du tout à devoir rechercher un nouveau job.

Il avait commencé 39 ans plus tôt au bas de l’échelle dans cette enseigne de la grande distribution. Et il avait pas mal bougé dans l’entreprise, et en France.

En retraçant sa carrière, Jean-Pierre était mal à l’aise avec ses débuts : « Je n’ai même pas le bac ! Je faisais des jobs d’été depuis mes 16 ans et comme j’avais un bon contact avec les clients que je livrais, le responsable m’a proposé de m’embaucher plutôt que de repiquer ma terminale. Avoir un job à 18 ans, c’était génial pour moi : partir de la maison, vivre ma vie, adieu les études, et pas de service militaire ! J’ai tout de suite accepté. C’était tout réfléchi… sûrement pas assez. »

Puis tout s’est bien combiné : des formations internes pour mieux performer dans ses postes successifs, des promotions internes pour consacrer ses montées en compétences. Il est vite devenu délégué commercial, puis directeur d’un centre de profit, responsable des ventes, chef de produits, négociateur sénior, chef de projet. Toujours plus de volume, de dossiers, de chiffre, de résultats. Les patrons, les raisons sociales, les logos ont changé, et il était toujours fidèle au(x) poste(s), au-delà des bouleversements de l’entreprise…

… jusqu’au jour où la politique du groupe fut de moderniser, rajeunir, bref virer les anciens (autodidactes) pour mettre des jeunes (diplômés). « Jean-Pierre, merci pour toutes ces années. Vous n’avez pas démérité. Simplement vous n’êtes plus à la page. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas ingrats et nous vous offrons un outplacement pour rebondir. »

  • A mon âge ! Je suis foutu ! Toute ma carrière dans la même boîte. Je n’ai jamais cherché de boulot. Il est venu à moi. Je ne sais même pas faire un CV. Finalement ‘ils’ ont raison : je ne suis pas à la page. Sauf qu’il faut encore que je cotise 3 ans ! Qu’est-ce que je vais faire ? Vous croyez que vous pouvez m’aider ? Vous connaissez sûrement des gens… mais voudront-ils m’embaucher ? Et pour faire quoi ? Chez [Machin], je connaissais le logiciel, mais ce ne sera pas le même, … Et avec tout ce chômage des ‘quinqua’ ! Je suis mort !!
  • Jean-Pierre, est-ce que vous voulez retrouver un job ?
  • … ? (silence)… Mais … Bien sûr !
  • Est-ce que vous voulez y consacrer désormais toute votre énergie 7 à 8 heures par jour, 5 jours par semaine, c’est-à-dire en faire votre job à temps complet jusqu’à ce que vous trouviez ?
  • Ah … ! (réflexion) Ben euh … ! De toutes façons je n’ai que cela à faire maintenant. Donc, oui !
  • Alors, laissez tomber les statistiques du chômage, car vous êtes un cas particulier : vous êtes Jean-Pierre, 57 ans, 39 ans chez [Machin], avec tous vos succès, avec votre expérience, avec vos échecs et leurs enseignements. Vous êtes unique. Il n’y a pas de stats pour ça. Et vous ne recherchez qu’un seul job. Et ça, c’est tout à fait réaliste. Et je suis convaincu que vous allez y arriver car vous venez de vous engager à le faire. Et je vous crois. De mon côté, je vais juste vous aider à trouver comment le faire. Si vous êtes ‘mort’, vous allez ressusciter, vivre une nouvelle aventure. C’est certain.
  • Vous me donnez vraiment envie d’y croire !!
  • Alors croyez et vous verrez ! Vous êtes prêt ? »

En quelques minutes, Jean-Pierre avait fait l’essentiel : croire en lui, en ses chances, et se savoir soutenu, encouragé, boosté pour frayer son chemin, construire son parcours et tenir ses engagements.

Pour le reste il ne s’agit « que » de processus, depuis l’identification du projet de Jean-Pierre et des cibles, jusqu’à la rencontre et la relation avec les potentiels futurs employeurs. Et bien sûr, jusqu’à écrire le nouveau chapitre professionnel quelques mois plus tard.

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