Imposture
Ce mot évoque la fausseté, la duplicité, la tromperie, le mensonge. En cela, nous sommes confortés par les dictionnaires des synonymes.
Dans l’imposture, il y a l’idée de se faire passer pour ce qu’on n’est pas[1], afin de tromper par de fausses apparence[2].
Dans le métier de coach, cette notion trouve une variante que l’on nomme syndrome de l’imposteur et qui apparait souvent en supervision chez les jeunes coachs en ancienneté, ceux qui débutent.
Le syndrome de l’imposteur… de quoi s’agit-il ?
Par exemple, face au dirigeant d’une grande entreprise, le coach débutant peut avoir un temps d’hésitation, s’interrogeant sur sa compétence, sur sa capacité à produire la prestation que le dirigeant attend de lui. « Qui suis-je, moi coach, pour accompagner un dirigeant si haut placé, aux responsabilités si importantes, à l’intelligence bien supérieure à la mienne ? ». Le vertige le prend alors car il craint d’être un imposteur en jouant un rôle pour lequel il n’est pas taillé.
Il en est de même pour ce coach qui ne connaît absolument rien au métier de la personne qui le sollicite et craint de passer pour un imbécile en ne comprenant pas le jargon de son interlocuteur, ou de ne pas avoir la culture professionnelle de celui-ci.
Ce syndrome de l’imposteur se retrouve bien sûr dans d’autres métiers. Ainsi le jeune manager, sorti de son École d’Ingénieurs, amené à encadrer un atelier de vieux briscards qui en connaissent 10 ou 100 fois plus que lui sur le terrain. « D’où vient ma légitimité, se dit-il, puisque j’en connais bien moins qu’eux sur le métier ? ».
Ces trois personnages peuvent avoir le sentiment d’être à une place qu’ils usurpent, d’être des imposteurs. Et cela d’autant plus, si leurs interlocuteurs les confirment dans cette croyance que le coach sera meilleur s’il a les compétences du coaché ou que le manager doit en connaître au moins autant que son collaborateur sur son métier pour être un bon manager.
Posture et imposture
Il ne semble pas que l’origine des deux mots « posture[3] » et « imposture[4] » soit la même. Pourtant, quand on cherche à préciser la posture d’un coach, d’un manager, et probablement d’autres qui seraient éligibles au syndrome de l’imposteur, on pourrait décrire ce qui suit.
La posture du coach consiste à s’intéresser à la personne coachée et non à son poste, à être en connexion avec l’homme (ou la femme) et non le porteur d’un titre, à rechercher le processus mis en œuvre pour échouer dans les objectifs et non la solution du problème. Dès lors, être impressionné par le poste, le titre de la personne ou vouloir trouver la solution serait une « mauvaise posture », une « imposture » en quelque sorte, que le coach ressent, non parce qu’il est réellement imposteur, mais parce qu’il ne se sent pas à l’aise dans cette place inconfortable. De fait, sa place est ailleurs comme décrit précédemment.
De même, la posture du manager consiste davantage à s’intéresser à ses collaborateurs (compétences, organisation, sens, cohésion, reconnaissance, …), et à leur environnement de travail (moyens matériels, conditions de travail, informations, …) qu’à rivaliser sur le terrain de leur expertise en sachant faire ce qu’ils font… voire plus.
Pour en finir avec le syndrome de l’imposteur, il convient de recadrer la mission de chacun. Et celle du coach n’est pas de travailler sur l’expertise du coaché, mais sur ses mécanismes d’échec. Celle du manager, n’est pas d’être un « N-1 ++ », mais d’être un leader de son équipe, un meneur d’hommes.
[1] cf. Larousse en ligne : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/imposture/41973
[2] idem
[3] Selon le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, https://www.cnrtl.fr/, le mot posture est emprunté à l’italien postura «position, attitude»), du latin positura «position, disposition», dérivé de positus, participe passé de ponere «poser»
[4] Toujours selon le CNRTL, le mot imposture est emprunté au latin impostūra, lui-même dérivé du latin classique impōnere au sens de « abuser (quelqu’un) »