Désirer changer ou en désirer l’idée

Lorsqu’une entreprise fait appel à un coach ou à un consultant, on imagine bien sûr qu’elle veut passer d’une situation actuelle insatisfaisante à une situation désirée et regardée comme satisfaisante. Mais ce n’est pas toujours aussi évident…

Pour exemple cette très belle entreprise qualifiée de Grande Entreprise[1], et plus précisément faisons le focus sur son CODIR[2] constitué d’une bonne dizaine de personnes.

 

Quelle est la demande pour ce CODIR ?

  • Renforcer la cohésion entre les membres du CoDir
  • Faire grandir le collectif en maturité pour qu’il sache se réguler, sans nécessairement l’intervention du PDG
  • Engager les membres du CoDir dans une dynamique où le sens du collectif l’emporte sur l’intérêt personnel
  • Créer un climat de confiance mutuelle où chacun se sente à sa place et reconnu

Une demande très complète et ambitieuse, qui donne envie à un coach de s’investir dans un accompagnement dans la durée.

 

De qui vient la demande ?

De la Directrice des Ressources Humaines, qui en a parlé au PDG, lequel lui a demandé de lui présenter plusieurs propositions.

 

Quelle est l’origine de cette demande ?

La perception de la DRH qui constate qu’une partie des décisions relevant du CODIR se prennent dans les couloirs, ou à la machine à café, lieux où se propagent également les rumeurs et potins. Elle observe également qu’elle passe une partie de son temps à remonter le moral de tel ou tel membre du CODIR qui se sent attaqué, spolié ou court-circuité. Elle voit que le PDG est sollicité pour des sujets capitaux comme pour des broutilles.

 

Quelle est l’attente ?

Faire une demi-journée de « team building » pour adresser tous les sujets de la demande dans un cadre convivial et verdoyant.

 

Y a-t-il un piège ?

Si le coach ne parvient pas à faire comprendre l’aspect irréaliste de cette « commande », il est peu probable que la demi-journée soit un franc succès dans l’atteinte des objectifs. Cette situation n’est pourtant pas une caricature. Dans la logique souvent urgentiste et de performance économique galopante à laquelle sont soumises les entreprises, il peut être tentant de vouloir « atteindre la lune ».

 

Quelques questions simples peuvent permettre de discerner, pour autant que l’on y réponde en vérité.

  • Que voulons-nous ? Sommes-nous capables de définir précisément ce que nous voulons. Si nous avons bien défini ce que nous voulons, nous devrions pouvoir l’expliquer à un enfant de 12 ans et il pourrait le comprendre. La vigilance doit démasquer les enjeux cachés, les objectifs contradictoires, les flous, …
  • Qu’est-ce que cela va nous apporter ? Quel bénéfice en attendons-nous ? A quel besoin réel correspond-il ?
  • Qu’est-ce que cela va nous coûter ? En argent, et surtout en temps, en effort, en déplacement de posture, … ?

 

Une fois cela posé – et l’on aura compris qu’il ne s’agit pas d’y répondre en 2 minutes, mais véritablement de creuser chacune de ces questions – il s’agit de passer du concept, du rêve, de l’idée que l’on se fait de ce que nous voulons, à la réalité elle-même de ce que nous voulons. Histoire de ne pas s’arrêter en chemin, parce que l’on aurait bâclé la réflexion.

Vient donc le temps de l’introspection de l’équipe, du service, du département, du site, voire de l’entreprise, selon l’envergure du projet.

  • Est-ce que nous le voulons vraiment ? Sommes-nous vraiment prêts à nous engager, sans revenir en arrière face à la difficulté ?
  • Qu’allons-nous devoir lâcher pour l’obtenir ?
  • Quels efforts devrons-nous faire pour y parvenir ? Collectivement ? Individuellement ?

 

Poursuivre de louables objectifs pour un CODIR nécessite de consacrer le temps nécessaire, de partager les représentations, d’aligner les attentes, d’expérimenter, de construire les solutions, de planifier les actions, de les mettre en œuvre, de les évaluer, de les améliorer, …

Plus le projet est ambitieux et requiert la mobilisation de tous, plus la réflexion en profondeur doit précéder l’action.

 

 

 

 

 

[1]     Une Grande Entreprise a soit plus de 5.000 collaborateurs, soit un C.A de plus de 1,5 milliards d’€ et un bilan de plus de 2 milliards d’€… soit les deux bien sûr.
[2]     Comité de Direction : l’instance de conseil et/ou de gouvernance autour du dirigeant

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