La modélisation

La réalité qui nous entoure est de plus en plus complexe. Et depuis toujours, l’Homme cherche à la comprendre pour mieux la maîtriser. Or, pour mieux la comprendre, l’une des techniques consiste, en la simplifiant, à rendre compte de ses caractéristiques essentielles.

 

Mathématiques et physique

Pour rendre compte de la gravité, ce phénomène qui traduit l’attraction de la Terre, Isaac Newton a utilisé un modèle mathématique bien connu des lycéens. Le grand public en connait bien souvent l’expérience basique vécue par le scientifique lui-même, grâce à une pomme qui se serait détachée de l’arbre pour s’écraser sur la tête du savant en mettant fin à sa sieste.

Ce modèle s’imposait en remplaçant celui d’Aristote qui évoquait deux mondes : le monde de la Terre où tout corps rejoignait son lieu naturel, c’est-à-dire le centre de la Terre, et celui du reste de l’univers, où force était de constater que les corps célestes ne se sentaient nullement tenus (et fort heureusement) de rejoindre le centre de la Terre. Déjà Copernic et Galilée s’étaient bravement opposés au modèle en vigueur jusque-là, en défendant que l’univers n’est pas centré sur la Terre, mais que la Terre tourne autour du Soleil. Pourtant, les modèles d’autrefois, pour faux qu’ils étaient, avaient permis de naviguer, de se déplacer sur la Terre… et de faire de funestes erreurs quant à l’interprétation de la forme de notre planète.

Il a tout de même fallu attendre qu’Albert Einstein explore davantage la compréhension de notre système universel pour modéliser la théorie de la relativité restreinte et la relativité générale, qui supplante les travaux de Newton en allant bien au-delà. Pourtant, le modèle (incomplet donc faux) de Newton permet encore de résoudre la plupart des problèmes de physiques des élèves de Terminale.

Sur un autre domaine, celui du phénomène physique de la lumière, deux théories se font encore front :

  • Le modèle de la théorie corpusculaire, où la lumière apparaît comme l’émission de particules que l’on nomme les photons
  • Le modèle de la théorie ondulatoire, où la lumière apparaît comme la propagation d’une onde, dont les caractéristiques déterminent notamment la couleur.

Personnalité et comportements relationnels

De la même manière, certains psychologues et psychiatres ont voulu comprendre et expliquer ce qui différencie les personnes, leurs comportements et la manière dont ils interagissent.

Chacun y est allé de son principe, et parmi les plus connus des métiers de l’accompagnement Carl Jung, Abraham Maslow, Éric Berne, Carl Rogers, Gregory Bateson, Taibi Kahler, (…) et leurs disciples, tous ont permis de mieux comprendre comment fonctionne le cerveau humain. Tous ont formulé une approche éclairante sur les comportements humains et les relations entre les personnes.

C’est ainsi que nous connaissons le modèle de personnalité du M.B.T.I.1, le modèle de hiérarchie des besoins psychologiques, le modèle qui analyse nos façons de communiquer positivement et négativement, le modèle selon lequel la personne (inter)agit en fonction du système dans lequel elle est « plongée », …

 

Éclairages et limites

Pour éclairants qu’ils soient, tous les modèles, mathématiques, cliniques, scientifiques, empiriques, … partent principalement de l’observation imparfaite de la réalité et tentent de mettre cette dernière en équation pour permettre de la comprendre, de l’expliquer, parfois de la prévoir.

Mais l’humilité nous incite à accepter que les modèles soient moins puissants que la réalité et que celle-ci a toujours le dernier mot. C’est la raison pour laquelle les modèles évoluent, s’affinent, et sont irrémédiablement limités, ne pouvant transcrire la totalité de la complexité du réel.

 

La tentation est parfois grande de trouver un modèle si puissant que l’on voudrait lui faire expliquer, prédire, enfermer la réalité en dépit de … la réalité elle-même. Résistons à cette tentation.

 

1  Myers Briggs Type Indicator : Profil de personnalité issu des travaux de Carl Jung, Katharine Myers et Isabelle Briggs

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