L’Humilité bénédictine

Benoit de Nursie (480-547) est plus connu sous le nom de Saint Benoit. Dans sa Règle à l’usage des moines, il établit les 12 degrés d’humilité comme une échelle à gravir pour atteindre les sommets de la sainteté. Et il en décrit l’ascension paradoxale, en résonance avec l’évangéliste Luc : « En effet, quiconque s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé»1

 

Qu’est-ce qu’un manager ou un dirigeant peut bien avoir à tirer de cet enseignement ?

A contre-courant de la pensée répandue que le chef, pour démontrer sa puissance, ne doit laisser paraître aucun signe de faiblesse, l’humilité est parmi les qualités les plus appréciées chez un manager. Elle consiste à « être au niveau de l’humus » dont elle tire son étymologie, c’est-à-dire au niveau de la terre.

On peut lire, dans cette métaphore terrestre, la volonté de la personne de ne pas se surévaluer aux yeux du monde et à ses propres yeux, tout autant que celle de ne pas se dévaloriser injustement voire faussement. Il s’agit de « coller à la terre », à la réalité concrète.

On le voit bien chez certains dirigeants du monde politique ou de la société civile : le culte de la personnalité, l’expression d’un égo surdimensionné donnent une image de celui qui l’affiche et l’entretient, contraire à ce qu’il recherche dans les honneurs.

La grandeur du dirigeant ne tient pas à l’image qu’il souhaite donner de sa personne, mais bien à celle que les autres lui confèrent.

 

D’où vient alors la représentation qu’autrui se fait du dirigeant, sinon de la cohérence entre ses actes, ses paroles et la perception qu’il donne à voir de lui-même ? On reconnait à Gandhi sa puissance dans l’incarnation qu’il est de la paix qu’il prône. On voit dans Nelson Mandela le dialogue, le pardon et la réconciliation qu’il incarne en renonçant à la vengeance. Ce qui érige en supériorité, ce n’est pas l’image « façonnée » comme celle que les dictateurs se fabriquent. Bien au contraire.

L’humilité va de pair avec l’acceptation de soi et l’acceptation de soi va de pair avec la connaissance de soi, de ses qualités et de ses faiblesses, qui sont souvent les deux côtés de la même médaille.

 

1 Luc 14,11

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