Les Grecs de l’Antiquité avaient déjà expérimenté cette double notion du temps qui s’impose à nous.
Nous sommes capables de mesurer le temps de façon très factuelle, autrefois avec le sablier et aujourd’hui avec les horloges les plus sophistiquées. 60 secondes dans une minute, 60 minutes dans une heure, 24 heures dans une journée, etc.
Mais nous sommes également conscients que certains événements paraissent durer plus ou moins longtemps en fonction de leur « profondeur ». Qui n’a pas vécu l’interminable attente d’un train en retard de… 60 minutes !! Tandis qu’en compagnie d’un être cher, une heure file à la vitesse de la lumière !
Notre subjectivité est mise à l’épreuve en fonction de nombreux paramètres, tels que la pénibilité ou le plaisir éprouvés, le rythme ou la monotonie de l’activité, le sentiment d’utilité ou de vacuité, notre état physique et psychique, et tant d’autres.
Tant et si bien que, lorsque la gestion du temps est au cœur de la problématique d’un accompagnement, il m’arrive de prescrire une auto-observation scrupuleuse du séquencement d’une journée, d’une semaine ou plus précisément d’une période significative pour la personne bénéficiaire.
Les résultats sont souvent époustouflants. Telle conseillère d’orientation d’un collège-lycée s’est ainsi rendu compte qu’elle passait environ la moitié de son temps devant la photocopieuse, alors qu’elle était persuadée que ce n’était guère plus de 20%. Elle a pu faire évoluer l’organisation en transférant les photocopies au secrétariat pour augmenter de 30 % ses entretiens face aux élèves. Tel directeur opérationnel a pris conscience que sa « politique de la porte ouverte » le contraignait à n’avoir aucune plage d’une heure continue pour attaquer un sujet de fond, tant que ses collaborateurs étaient sur site. En posant des limites avec eux, il a réussi à traiter ces sujets de fond de 17h à 19h au lieu de 18h30-20h30 et à retrouver un équilibre vie pro – vie perso. Tel dirigeant a constaté qu’il était inconsciemment soumis à répondre à ses mails et son téléphone, toute affaire cessante, dégradant la qualité et la fréquence de ses entretiens avec ses collaborateurs. Il s’est donné des règles de déconnexion en journée, ce qui lui a permis de renouer avec une relation de qualité et de confiance vis-à-vis de son personnel.
Ce qui m’amuse, c’est que ma prescription d’auto-observation rencontre souvent un peu d’ironie ou de dédain sur le moment, mais que le retour démarre comme une véritable révélation. Faites donc l’exercice, vous m’en direz des nouvelles …