Lorsque j’étais en formation de coaching, nous avions abordé la question de la supervision du coach. Il s’agit d’un échange entre le coach et un pair, formé et pratiquant le coaching, et formé à la supervision. Cet échange est au service du coach, qui vient déposer auprès du superviseur les sujets qui traversent sa pratique de coach. Et c’est bien sûr au bénéfice du client, puisque le coach devient de plus en plus ajusté.
Venant du monde de l’entreprise, manager puis directeur de site industriel, j’ignorais cette pratique. Et comme un certain nombre de coachs aujourd’hui encore, j’étais pour le moins circonspect à ce sujet. Si je suis un bon coach, quel besoin ai-je d’échanger avec un pair sur mes accompagnements ? Qui plus est, il ne les vit pas. Quelle sera donc la pertinence de son propos ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui raconter ? Cela me semble intrusif et peu respectueux de la confidentialité due à mon client ! Et que dire de mon métier de manager, que j’ai toujours conçu comme l’accompagnement de mes collaborateurs et du collectif ! Je l’ai exercé pendant 25 ans sans supervision et m’en suis très bien porté. Personne ne s’en est plaint. Supervision ! Ne serait-ce pas une sorte de métier parallèle qui profite du système ? Une sorte de produit dérivé du coaching ? Courage, fuyons !
Par curiosité cependant, j’ai accepté d’ouvrir mon regard et d’écouter les partisans de cette pratique. Une phrase résume assez bien l’intuition : « Celui qui nage dans la piscine ne peut pas se voir nager ».
Puis j’ai fait la démarche d’être supervisé, dès mes débuts dans le coaching. Pour voir. J’ai choisi une personne expérimentée en coaching, formée à la supervision et recommandée par une sommité dans le domaine. Aucun regret. Cela m’a permis de m’autoriser à sortir de mes limites ; de regarder certains de mes points d’ignorance[1], de mes points sourds[2], de mes points aveugles[3] ; de renforcer une posture méta[4], bref d’avoir une bien meilleure connaissance et conscience de moi-même, principal outil du coaching. Et bien d’autres fruits encore sur chaque compétence de coach.
A l’European Mentoring and Coaching Council (EMCC), association professionnelle de coachs, mentors et superviseurs, on identifie 8 compétences auxquelles je vous renvoie en cliquant ici. C’est sur chacune de ces compétences que la supervision apporte au coach.
Une démarche d’humilité, de progression et de sécurité incontestable pour qui la pratique en vérité.
Depuis, je me suis formé à la supervision et la propose à des coachs… et à des managers !
[1] Point d’ignorance : incapacité [du coach] à comprendre la position de son client. (cf. Les outils de la supervision, p. 47, Florence Lamy et Michel Moral, Interéditions 2015. Il existe une 2ème édition, enr depuis 2021)
[2] Point sourd : incapacité [pour le coach] à entendre aussi bien le client que le superviseur (ibid. p. 46)
[3] Point aveugle : …survient lorsque le contre-transfert [du coach] gêne sa compréhension du client. (ibid. p. 47)
[4] Posture méta : pratique de dissociation qui permet d’être à la fois acteur et observateur dans la séance de coaching, pour comprendre le contenu des échanges et ce qui se joue dans l’interaction.