Cerveau, Corps, Cœur

« On est bien d’accord !… Dans l’entreprise, on est là pour travailler ! Il n’y a pas de place pour l’affectif, les sentiments, les émotions, les ressentis et les sensations. C’est au mieux inutile et chronophage et au pire dangereux voire la porte ouverte aux dérives. Être professionnel, c’est être rationnel, logique, factuel, concret, pragmatique, constant, prévisible. »

Lorsque je lance ce genre de postulat auprès de dirigeants ou de managers « bien câblés ingénieurs », je trouve souvent un écho : « Enfin quelqu’un qui me comprend. On est sur la même longueur d’onde ! »

Que l’on se comprenne est une chose. Moi aussi je suis sorti d’une école d’ingénieurs, où tout mettre en équation est plutôt séduisant.

Mais de là à dire que l’on est sur la même longueur d’onde, c’est autre chose.

Dès mes premiers jours dans la vie professionnelle, j’ai compris que la phrase d’introduction de cet article serait valable si la main d’œuvre dans l’entreprise était constituée de robots et ses employés étaient des ordinateurs. Mais aurions-nous alors besoin de managers ?

Il a suffi d’inviter mes trois collaboratrices avec leurs époux à dîner à la maison, pour dégeler l’ambiance tendue qui s’était instaurée au fil des années et débloquer ainsi la communication, les bonnes intentions et l’esprit d’équipe.

J’ai découvert plus tard que, si le cerveau centralise à lui seul environ 90 milliards de neurones qui génèrent et transmettent l’influx nerveux, l’intestin en compte autour de 500 millions. Et le cœur concentre à peu près 40.000 de ces cellules de base du système nerveux. Le tout est bien sûr interconnecté.

L’ordinateur basique réagit toujours de la même manière, selon des processus établis, à partir d’informations binaires, et ce quels que soient l’heure, la durée de son activité, la météo extérieure et le soin qu’on lui porte.

Mais l’être humain est, par nature, un être sensible à ces éléments et tant d’autres. Cela fait partie des informations qu’il capte et analyse en incorporant ces formes d’intelligence dont il est doté dès l’origine et qu’il déploie de façon expérientielle.

Dès lors, pourquoi ignorer les dimensions émotionnelle et sensorielle d’un collaborateur, pour ne considérer que les aspects cérébraux ? N’y sommes-nous pas vigilants auprès des personnes qui sont nos proches ? Ne sommes-nous pas attentifs à l’apathie soudaine de notre animal domestique pour agir ou réagir ? Ne faisons-nous que le plein de carburant sans jamais faire remplacer l’huile moteur, ni remplir le réservoir lave-glace, ni gonfler les pneus ?

Prendre en compte les ressentis de son collaborateur, s’intéresser aux manifestations corporelles, comme nous savons lui demander s’il a compris une consigne ou de rendre compte de sa performance, c’est contribuer à accueillir la personne entière, à entrer véritablement en relation. C’est lui donner les plus belles chances de prendre plaisir à donner le meilleur de lui-même, comme le font les coachs sportifs avec leurs champions, et donc de le faire grandir.

 

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