Poser le problème.

« Un problème bien posé est un problème à moitié résolu », nous enseigne le mathématicien Henri Poincaré.

Dépassant le domaine mathématique et scientifique, cet adage se vérifie dans l’entreprise. Il arrive, en effet, qu’à poser le problème d’une certaine manière, on s’engouffre dans une voie improbable pour trouver une solution qui parfois n’en est pas une, en se barrant la route d’une bien meilleure solution.

J’en tiens pour preuve quelques tracasseries recensées dans des organisations fort embarrassées pour les résoudre.

 

Ici par exemple, c’est un collaborateur ingénieux, intelligent, curieux, vif, passionné, qui s’est forgé à juste titre une réputation de « Maître Jedi 10ème dan » du métier. A ce stade, il fait donc logiquement partie du cercle très fermé des personnes indispensables. Le souci vient du fait que, comprenant sa position, cet expert en vient à jouer de sa qualité pour faire pression en vue d’obtenir un poste pour lequel il n’est pas vraiment taillé. Toute tentative pour le raisonner s’est avérée infructueuse dans le temps.

Problème insoluble : Que faire avec ce collaborateur, sachant que l’entreprise ne peut ni s’en passer ni lui offrir de quoi le contenter ?

Ce problème tracasse le dirigeant, le DRH et le Directeur de Production depuis des mois. Les Shadoks diraient que « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème » ! Explorons tout de même l’hypothèse selon laquelle le problème pourrait être mal posé, et tentons de le poser autrement :

Problème reformulé : Comment se passer du seul collaborateur expert dès lors qu’il ne joue plus le jeu de l’entreprise, sans perdre l’expertise ?

Cette formulation permet d’envisager de capitaliser son savoir ou d’aller le chercher ailleurs, bien qu’on puisse se faire croire que cela est impossible. Pourtant, si le collaborateur quittait de lui-même l’entreprise ou notre bas-monde, c’est bien ainsi que le problème se poserait. Or justement, comme on le sait, les cimetières sont remplis de gens irremplaçables…

L’histoire nous montrera certainement qu’à force de ne pas trouver de solution au problème mal posé, c’est l’autre formulation qui s’imposera de fait. Alors seulement et hélas, les esprits s’empareront du nouveau problème pour le résoudre. Et comme dans beaucoup d’entreprises, après une période difficile dans laquelle on peinera pour retrouver le niveau d’expertise brutalement perdu, on finira par se sortir de la crise, en regrettant amèrement, mais un peu tard, de n’avoir pas fait le nécessaire au moment opportun.

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